Mon chien est raciste

Audren ; illustré par Clément Oubrerie.  Publication : Paris : Albin Michel jeunesse, [2015]. 110 pages.

Au grand dam de Maël et ses parents, le chiot qu’ils ont adopté est raciste envers les Noirs. Cette affaire fait vivre à la famille quelques incidents fâcheux avec les membres de leur entourage et secoue la vision naïve qu’avait Maël de l’espèce humaine. En effet, le garçon, déjà chamboulé par le comportement honteux de son chien, apprend que les Noirs ont dû mener des combats pour faire reconnaître leurs droits et que le père de son amoureuse, pourtant gentil et serviable, est raciste au point de ne jamais saluer ses voisins noirs. [SDM]

25 exemplaires

Attatruc Ier

Dedieu. [Paris] : Seuil jeunesse, 2006. [29] p.

Le tyrannique roi Attatruc 1er décide un jour de devenir peintre. Il met donc à profit son immense fortune afin de faire son éducation culturelle en achetant une toile de chacun des grands maîtres. Or, après plusieurs mois de cette immersion dans l’art, il est toujours incapable d’égaler ses professeurs. Refusant toutefois d’avouer son manque de talent, il entreprend de corriger l’histoire de l’art selon sa conception: c’est ainsi que l’autoportrait de Van Gogh se retrouve avec une oreille supplémentaire, que les tableaux de Picasso sont réorganisés de façon réaliste et que la Vénus de Raphaël se voit dotée d’une culotte. Puis il fait enfermer tous les artistes du pays, dont Kandinsky, à qui il commande un tableau à sa gloire. Après des mois d’enfermement et d’entêtement, Kandinsky laisse éclater sa colère et se défoule en peignant une toile qui donne vie à une nouvelle forme d’art. Incapable de l’interpréter et refusant d’avouer son ignorance, Attraduc se donne la mort tandis que le peintre poursuit sa carrière prometteuse… — Un album dénonçant la censure et la tyrannie, dont les illustrations minimalistes, foisonnant de références interpicturales, font écho à la furie et à la cruauté du protagoniste au faciès monstrueux par leur étalement de gouttelettes et de vigoureux traits à l’encre noire. Les pitreries de l’oiseau du tyran, qui déplore et ridiculise les agissements de son maître, amènent heureusement une touche d’humour à cet ouvrage qui nécessitera l’accompagnement d’un adulte pour être bien compris. [SDM]

Coton blues : un conte

Texte de Régine Joséphine ; illustré par Oréli Gouel. [Rouen] : Gecko jeunesse, 2007. [29] p.

« Coton » est le sobriquet dont le maître d’une plantation a affublé une jeune esclave afin de tourner en dérision ses cheveux rêches et la couleur de sa peau. Or, rien ne semble toucher cette fillette que l’on croirait muette, qui travaille avec acharnement comme si le monde autour d’elle n’existait pas, attendant que tombe la nuit afin de se réfugier dans des rêves où l’Oiseau Mère que chantaient les koras l’emporte bien au-delà de l’océan. D’ailleurs, un matin, la fillette est introuvable et devient, pour ses anciens confrères, un symbole d’espoir. — Un texte fort et poétique, abordant avec finesse et sensibilité la délicate thématique de l’esclavage tout en démontrant le pouvoir salvateur qu’ont l’imagination, la pensée, l’espoir et la détermination dans la réalisation d’un rêve, aussi utopique puisse-t-il paraître. Des peintures au trait mouvant et aérien, brossées dans un camaïeu d’ocres et d’orangés chaleureux, ajoutent d’ailleurs de la force au vent de liberté qui souffle sur ce splendide album tout en donnant vie à des personnages criants de vérité. Ces derniers évoluent dans des décors oniriques auxquels sont habilement intégrés des tissus et motifs floraux de même que quelques éléments du folklore africain, qui ajoutent encore à la saveur de l’ensemble, qui se clôt sur un blues inspiré du récit. Superbe. [SDM]

La fine fine femme

Texte de Véronique Caylou ; illustrations de Zaü. [Paris] : Gallimard jeunesse, 2007. [31] p.v

Sur le chemin du retour, un travailleur de nuit trouve une femme très maigre et la ramène chez lui pour la sauver. Il la nourrit et peu à peu la « fine fine femme » se remplume, ceci sans jamais ouvrir les yeux ou sortir de son lit. Un soir, l’homme ne va pas travailler afin d’épier celle qu’on dit être une ogresse. Effrayé par ce qu’il voit, il fait cesser la nuit en illuminant la ville afin de tromper le rituel de la jeune femme qui finit par guérir de son mal (qu’on ne nomme pas, mais qui pourrait bien être une forme de dépendance). — Un album au thème sérieux (désintoxication?), traité avec la poésie des contes. Les pastels griffonnés d’une main agile et rapide, animent avec un mélange d’humour et de drame ce sauvetage difficile. [SDM]

La pirogue de Shin-chi

Nicola I. Campbell ; illustrations, Kim LaFave ; [traduction, Diane Lavoie]. Saint-Boniface : Plaines, 2010. [38] p.

Shi-shi-etko s’apprête à retourner au pensionnat indien pour une deuxième année, cette fois-ci accompagnée de son petit frère de six ans, Shin-chi. Elle lui remet une pirogue de cèdre miniature, cadeau symbolique de leur père qui représente tout ce dont Shin-chi doit se souvenir et garder secret. Ils ne reverront leur famille que lorsque le saumon rouge remontera la rivière, à l’été. Les mois passés à l’école à apprendre des leçons, à travailleur dur et à assister à la messe sont longs et solitaires. Shin-chi a souvent faim. Pour se redonner de l’espoir, il se rend souvent sur les bords de la rivière, serrant fermement sa petite pirogue et surveillant le retour des saumons. — De descendance salish et métisse, l’auteure évoque l’une des pires injustices perpétrées contre les Premières nations du Canada: le système des pensionnats indiens. Cette expérience dévastatrice pour la culture autochtone est abordée ici dans des mots simples adaptés aux enfants. [SDM]

Nunuche magazine

Élise Gravel. Montréal : Les 400 coups, 2006. [23] p.

Courrier de lectrices désespérées parce qu’elles font rire d’elles lorsqu’elles se polissent les ongles plutôt que de travailler, publicités de parfums aux odeurs naturelles ou de vêtements portés par Anne Orexix, chronique tendances révélant ce qui est « out » (par exemple, sourire: « même les singes le font! »), test permettant de découvrir si l’on est « top-nunuche », conseils beauté de Babine, régime pour devenir aussi maigre qu’un flamand rose, « horoscrape » prédisant ce que nous réserve le mois à venir, exercices pour maigrir des narines ou du genou droit, etc. — Des peintures loufoques et caricaturales illustrent cette parodie désopilante et décapante de ces magazines et publicités dont sont bombardées les jeunes filles à qui l’on propose un idéal irréaliste et dangereux pour leur santé. Un outil de sensibilisation incontournable. [SDM]

Pow Pow t'es mort!

Texte de Marie-Francine Hébert ; illustrations de Jean-Luc Trudel.  Montréal, Québec, Canada : Les 400 coups, [2017]. 29 pages.

L’existence de deux enfants est mise en parallèle. Manu trouve le temps long sur les bancs d’école, car il ne pense qu’au moment où il pourra retrouver ses jeux de guerre sur sa console. Il est aimé de ses parents et sa famille vit dans une certaine prospérité. Bref, il ne manque de rien. Lorsque son père lui demande d’aller se coucher, Manu proteste et souhaite continuer ses jeux violents. Pendant ce temps, Unam vit dans une zone de guerre bien réelle. Il est confiné dans sa maison et rêve de pouvoir retourner à l’école. Tous ses besoins ne sont pas comblés et lorsque son père quitte la maison, son retour est parfaitement aléatoire. La fin de son histoire nous laisse penser que son père a perdu la vie sous les tirs des insurgés. [SDM]